Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 29 novembre 2017

Si vous saviez ce qu'il y a dans l'œil d'une mouette

Elle est là
Rieuse
Posée sur son piquet
Figée comme ses consœurs
Toutes dans la même direction
Bec droit
Fier
Aligné avec ce corps fuselé
L’air résonne de leurs ricanements
Soudain
La troupe s’envole
Dans un flappement d’ailes décidées
La nuée survole le chalutier
Cris de plumes blanches
Sur fond de nappe de fuel
Les unes plongent
Les autres surnagent dans les irisations
Elle, plus maline que les autres
Volette au dessus du pont arrière
Elle sait ce qu’elle veut
Elle papillonne sans relâche
Guettant le moment propice
Elle suit le navire
Comme un cerf-volant
Tiré par un enfant
Les hommes s’affairent
Les mouettes aussi
Ça piaille
Ça bataille
Et au milieu de cette pagaille
En un repli d’ailes
Elle atterrit sur une caisse
Y pose à peine les pattes
Plonge son bec dans les écailles
Et regagne le ciel avec son larcin
Un beau maquereau bleuté
Qu’elle ne se laissera pas chiper

Harmonyin Harmonyang

Au fil de l’eau j’ai vu des reflets
L’écho des âmes
Déambulant sur les berges
Leur égo sous le bras
Prêtes à le jeter à la baille
Quand soudain
Elles se sont retenues
Peut-être ont-elles eu raison

Au fil de l’eau j’ai entendu des chuchotements
Fais-pas ci fais pas ça
C’était mieux avant
Et demain les poules auront des dents
Alors les reflets ont ri
De bon cœur
Et se sont mis à danser
Sur les berges fleuries de notes champêtres

Au fil de l’eau j’ai senti que le vent avait tourné
Les filles ont décidé de ne plus se laisser faire
Les gars ont compris que le musc n’est pas le must
Puis des ailes leur ont poussé
Et ils se sont mélangés dans la canopée

Au fil de l’eau j’ai imaginé de nouveaux genres
Plus harmonieux
Moins discriminés
Un libellule s’est posé près d’une papillonne
Ils se sont raconté leurs différences
Puis très vite ils sont passés à autre chose
Parce que la nuit tombait

lundi 27 novembre 2017

Et que revienne le goût du temps

Attendre
Attendre
Attendre
Attendre encore
Les retrouvailles
Le nez collé à la fenêtre
Que tu arrives
Ou que je débarque
Après tant d’années
Après tant de mers
Après toutes ces vagues
Ne plus tenir
Briser la vitre
D’un cri
En éclats

Attendre
Attendre
Attendre
Attendre encore
L’œil sur le sable
Qui coule
Goutte à goutte
Ne plus tenir
Briser le temps
D’un coup précis et net

Et que revienne le goût du temps
Ne plus attendre
Oublier les souvenirs
Oublier l’avenir
Laisser les vagues
Revenir sur le sable
Souffler le verre
Et rester là
Juste un instant
L’oreille posée sur le souffle chantant des bambous les soirs de printemps

Instantané d’automne

La côte au loin découpée
Horizon net
Le relief plongeant dans la mer
Leur reflet dans tes yeux
Le vent s’arrête un instant
Le silence s’échappe de tes lèvres
Et rejoint les nuages

jeudi 23 novembre 2017

La métamorphose de Solstice

Ma voisine (je ne vous dirai pas laquelle parce que je ne suis pas une balance mais c'est une habitante de Korom…) m'a expliqué que la transformation de Solstice est le dernier épisode des Pokémons. Natalia et Djèydjèyaime sont les entraineurs de notre Pokémon de combat. Solstice va se transformer en une superstructure pleine de superpouvoirs extraordinaires.

Avant, Solstice était bleue avec une tache rouge, genre pas triote mais presque. Après solstice sera davantage reggae, rouge jaune vert, et dans reggae il y a gai (merci les VRP). Donc c'est une heureuse nouvelle ! D'abord, Solstice va s'entrainer, parce que pour sa métamorphose, notre champion doit maitriser son ingérence. Avant d'ingérer, Solstice s'échauffe donc et son super pouvoir contribucoop augmente à vu d'œil. L'athlète inspire, régule son céa et acquiert des points de plus value comme si de rien n'était. La transformation s'opère l'hiver pour une éclosion au printemps. En attendant, un peu de gonflette. La bête prend du muscle sans risque, et laisse présager l'apparition prochaine et réjouissante d'un poulain de compète, qui promet de fumer tous les autres compétiteurs, selon un prévisionnel optimiste, d'après les pronostiqueurs les plus avertis. Notre poulain n'a que faire pour le moment de ces projections et enchaine les exercices périlleux pour améliorer sa souplesse de structure. Et hop ! Grand écart, position en colonne, en ligne, en travers... De quoi parer tous les coups à venir au tableau. Puis il enfile son cape, s'entraine à utiliser son césa et joue au changement de statue. De quoi terrifier tous ses adversaires. Ne manque plus que sa botte secrète. Avant de nous la dévoiler, tournons-nous vers Natalia, l'entraineur de notre chouchou : « Que pensez-vous de la forme de solstice ? » « Il est au top et tout le monde est d'accord pour le dire ! » Processus habituel dans toute mutation, notre athlète change de peau, il perd quelques parts, augmente son capital A et son capital B et ça lui fait une belle jambe, parce que de toute façon, il est beau.

Multipliant les compétences, Solstice est une galerie de portraits. Les statues sont d'ailleurs exposées dans l'arène. La statue des règles arbore les attributs de l'arbitre : le sifflet et le carton jaune. La statue du pouvoir rappelle que chaque membre de Solstice a voix au chapitre. Le public commence à se rassembler dans les gradins et observe avec attention les titres des statues, jusqu'à l'évocation de son éventuelle dissolution. Solstice serait alors démembré mais, heureusement, nous n'en sommes pas là. Pour le moment notre héro a atteint l'AGE, la maturité de muter. Son protocéa lui a bien servi mais il va être temps de le laisser au vestiaire. Il va se doter d'autres armes pour s'incarner dans sa nouvelle forme. Il va avoir du mal à se passer de cet outil qui l'a si bien servi mais chacun sait que ce protocéa va nourrir le néocéa au sein de la éssa lorsque solstice aura achevé sa mue. Et chaque année, tel le phénix, il renaitra de ses cendres. Notre athlète n'en perdra pas la tète pour autant, et bien au contraire, il sera toujours commandé par ses membres et son cœur restera son agé. Avant l'épreuve et le grand saut dans l'arène, notre athlète apprivoise son néocéa. En effet, tout nouvel outil nécessite une phase d'apprentissage mais il semble déjà acquérir une certaine dextérité à son maniement. Rien d'étonnant à cela puisque notre héro procède à une métamorphose dans la continuité. Ses pouvoirs vont d'ailleurs continuer à s'équilibrer dans le temps, et le changement va se faire dans la fluidité. Gageons que notre champion va pouvoir compter sur sa souplesse pour consolider ses acquis.

Pendant ce temps les spectateurs jouent au loto. Certains s'impatientent, quelques uns ont faim, d'autres finissent leur nuit. Tout cela réveille l'agé de notre chouchou qui sent approcher l'heure fatidique du combat. Le suspens est à son comble, la tension est palpable, l'arène est en émoi, l'impatience de voir émerger des vestiaires notre champion est à son paroxysme ! Une seule hâte, vivement le match ! Pour le moment Djèydjèyaime et Natalia notent dans le carnet d'entrainement de notre athlète qu'il sera désormais doté de la parade 3542C avec l'option OA. Ils sont supers contents – et on les comprend – d'affecter ces nouveaux pouvoirs à 50/50 sur son travail et ses futurs résultats. Pendant ce temps, l'arène se prépare pour l'événement. Les entraineurs historiques défilent et rappellent les débuts de notre challenger. Solstice est né le 1er jour de l'été au milieu d'un cercle d'amis. C'était trop beau ! À peine sorti de sa Pokéball, notre champion est devenu membre de la ligue intergalactique des Pokémons : la fameuse Copea. Puis des antennes lui ont poussé mais son développement restait limité. Ensuite, notre chouchou a fait sa crise d'adolescence avant de s'installer dans un âge plus opulent. Il a alors acquis certaines armes dont Louty et un peu de sagesse. Il a ensuite pu s'appuyer sur un tuteur pour mieux pousser et le bébé a bien grossi. Il s'est doté d'un protocéa et a pris des dizaines de visages.

Pour l'heure, le doute envahit l'esprit de notre poulain encore au vestiaire. Combien de temps va-t-il conserver son néocéa ? 3, 6, 9 ans ou plus ? Il serait judicieux à l'approche du match que notre combattant ne soit pas préoccupé par ces soucis techniques. Heureusement, une lueur de génie le traverse et il décide de remettre à plus tard ce questionnement et se concentre à nouveau sur la préparation de son éclosion proche. Attention ! C'est parti... Le changement a commencé !


Hum, hum… pour ceux pour qui cette histoire semblerait obscure, rassurez-vous ! C’est normal, cette chronique sportive a été écrite lors de l’AG extraordinaire de Solstice du 23 novembre 2017, à Eurre. Cette réunion a notamment validé le changement de statut juridique de la coopérative, passé de
SARL à SA. Etonish, nein ?

jeudi 16 novembre 2017

Confiance en soi

Plic… ploc…
Tiens, on toque à ma porte ?
Oui ! La pluie, enfin !
Je vais pouvoir sortir de chez moi
D’abord dérouler lentement
Prendre le temps de déambuler
Dans le couloir en colimaçon
Longer ces parois qui me sont si familières
Puis, avant même de passer la porte
Écouter s’il pleut encore
Après tout il pleuvait toute à l’heure
Mais pleut-il encore maintenant
Plic… ploc…
L’averse confirme
Allons-y
Mais soyons prudent
La dernière fois que j’ai jeté un œil sous la pluie
Une grosse goutte m’a rabattu l’antenne
Et j’ai souffert d’une conjonctivite tout l’automne
Où suis-je déjà
Ah oui sous une planche
J’ai eu une riche idée de m’installer là
Continuons
Je fais mes étirements
Je pose mon pied bien à plat sur le sol
Mmmh il est humide comme j’aime
Aujourd’hui je ne vais pas trop en baver
Aller en marche
Chouette c’est une pluie douce et fine
Et pas de grêle en vue
Rien à craindre
Juste une petite musique sur ma coquille
Oh mais que vois-je
Les salades ont poussé 
À table !

lundi 13 novembre 2017

Étranges fruits

Tu n’iras plus
Où les herbes sont couchées
Tu n’iras plus
Où tu allais si souvent
Avec tes frères et vos parents
Tu n’iras plus
Où la terre à tant été piétinée
Sous les arbres où pendent ces si étranges fruits
Tu n’iras plus
À pied suivre les hommes à cheval
Couverts de leurs habits blancs
Éclairés de leurs torches
Procession de lumières trop vives
Pour éclairer le chemin d’un futur mort
Tu n’iras plus
Assister à ses pendaisons si…

Tellement…

Comment décrire
Comment ressentir
Tu n’iras plus
Où ta bien aimée a succombé
Vous vous étiez aimés en secret
Mais dans la plantation tout se sait
Et quand ils vous ont découverts
Le châtiment est tombé
Votre couleur vous a séparés
Tu n’iras plus
Car de rage
Tu les as tous tués



En hommage à Billie Holiday, la merveilleuse interprète de Strange Fruit, première chanson à dénoncer les crimes racistes. À écouter et réécouter : https://www.youtube.com/watch?v=pD2evtQP8pshttps://www.youtube.com/watch?v=pD2evtQP8ps

à relire aussi : J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian...


Mémé encore


C’est là tout proche
Comme si c’était hier
Mais plus là demain
Parti depuis longtemps
Ton visage
À part ce portrait
Ton visage parcheminé
Ce sourire taquin
Et tes mains
Si dure si fines
Constellées de tâches
Tout un univers de temps
Passé sur tes mains
Et ton parfum
Un vague souvenir
As-tu connu plus précieux que cette eau de Cologne ?
Tes mains encore
Laisse-moi les caresser encore
Entendre ma peau sur la tienne
Et écouter ta voix
Tes R roulent dans mon oreille
Tes R demeurent
Mais où est le reste ?

Myosotis

Tu es parti trop tôt
Sans même dire au revoir
Toi qui avais pourtant l’habitude d’être en retard
À l’annonce de ton départ
Le ciel s’est déchiré
Dans un fracas de larmes
Et la pluie n’a cessé
Les rivières enflaient
Les fleuves débordaient
Et moi sous mon parapluie
Je pleurais sans bruit
Les pieds trempés je suis rentré
J’ai scotché les fenêtres
Bouché les serrures
Puis de mon fauteuil
Par les vitres j’ai regardé l’eau monter
D’abord le jardin s’est noyé
Les arbres ont bien tenté de garder les branches hors de l’eau
Mais ils ont fini par perdre pied
Subjugué par un tel spectacle j’avais cessé de pleuré
Je me suis fait un café
Ensuite les premiers poissons sont arrivés
Des petits des gros des rayés des colorés
Du corail a poussé pour border l’allée et des étoiles de mer se sont mises à briller
C’est alors que je t’ai vu passer
Ondulant au milieu d’un banc de sirènes
Tu faisais plaisir à voir
Je n’avais plus de peine