Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 16 décembre 2015

Dans un an

Dans un an j'aurais un âne
il ira de son pas lent ahanant
et je le suivrai content
il me mènera où il voudra
à travers bois à travers champs
et je le suivrai en chantant
avec mon âne, léger
nous serons satisfaits
de nos pas lents
sans nous soucier du temps qu'il fait
peut-être alors je te rencontrerai
peut-être alors je te reconnaitrai
je te donnerai mon coeur
je te donnerai mes heures
nous serons là, âmes soeurs
stoppés net dans notre élan
nos pas lents s'effilocheront
l'âne en profitera
pour brouter un peu de son
ou pour me fausser compagnie
ou pour composer un poème
un poème pour lui
ou pour nous deux
ou pour me dire adieu

Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 16 décembre 2015
où j'avais proposé de poursuivre les phrases "dans un an", "je te donnerai", "un poème pour".

21 souhaits

Je veux et j'exige du bleu
J'ose espérer du bleu plein les yeux
Je veux et j'exige du rose aussi plein les cœurs
J'ose espérer de la cannelle
Je veux et j'exige du sucre
J'ose espérer de la dentelle
Je veux et j'exige Duke Ellington à tous les coins de rues
J'ose espérer du doux, du bon, du beau, du vécu
Je veux et j'exige de la sagesse un peu
J'ose espérer de la paix beaucoup
Je veux et j'exige de la joie énormément
J'ose espérer des toits sur toutes les têtes
Je veux et j'exige des tas de fenêtres et presque pas de murs
J'ose espérer des soins partout où il en faut
Je veux et j'exige de la patience et de la folie
J'ose espérer des nids douillets
Je veux et j'exige des portes ouvertes pour les réfugiés
J'ose espérer du pain et du vin pour chacun
Je veux et j'exige de l'air respirable à jamais
J'ose espérer de l'eau douce, de l'eau salée
Je veux et j'exige du soleil toute l'année

Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 16 décembre 2015
où une fée, soudainement apparue, nous a invité à énoncer 21 souhaits en trente secondes...
en alternant "je veux et j'exige" et "j'ose espérer" !

Cadavres exquis


Hier sur la lune, une perle de rosée pensait à s'arrêter un peu, en chantant, parce que le temps était à l'orage.


L'autre jour, dans une cocotte-minute, une cloche et un chapeau avait envie de prendre un tapis volant, en égrainant du raisin blanc, parce qu'il ne pouvait en être autrement.


Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 16 décembre 2015.

jeudi 10 décembre 2015

Philosophie... surréaliste !

Au commencement il y avait du vide, beaucoup, plein, comme un œuf. Avant c'était creux, plein d'échos et on ne s'entendait pas là-dedans. Maintenant, je suis en pleine contemplation face à ce vide qui s'est rempli. Demain les poules auront la chance de partager cette conception des choses. A l'avenir, le monde sera à crêtes et à plumes !

Atelier d’écriture, MJC de Saint Georges les Bains, Jeudi 10 décembre 2015
où j'avais proposé de rédiger un texte à partir de débuts de phrases.

lundi 7 décembre 2015

Souhaits

Que le temps se fasse murmure
Que le silence arrondisse la faim
Que des lucarnes s'ouvrent
Que la confiance jaillisse de montagnes en montagnes

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 7 décembre 2015
séance autour des rêves, des souhaits... texte produit à partir d'une sélection de courts extraits des productions du groupe.

mercredi 2 décembre 2015

Haïkus


Claque la pression
La craie aurait pu crisser
Même pas crié


Rose calcifiée
Le temps à fait son oeuvre
Ô sable figé


Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 2 décembre 2015
séance haïkus.

dimanche 29 novembre 2015

Ode à l’hiver

L’hiver est froid
L’hiver est droit
Droit comme un if
Droit comme un i
Comme un i vert
Vert comme l’espoir
Vert comme le noir

Au noir de la nuit
L’hiver oppose sa lumière
Au cœur de l’hiver
Sa lumière bleue
Scintillante
Apaisante

A quand cette lumière au cœur des hommes
Cet amour auquel nous aspirons tous
Cette paix que nous attendons tous

Au cœur de l’hiver
Droit comme un i
Comme un nid ouvert
Il est un foyer ouvert à tous
Le cœur des hommes
Et lorsque ce cœur s’ouvre
Alors au noir de la nuit
L’hiver expose sa lumière
Et dans ces cœurs
L’amour explose
Et jaillit la lumière
Comme un i vers tous ces cœurs ouverts

Ouverts comme une orange
Offerte en mille quartiers
En mille rayons
Lumineux
Généreux
Pétillants de joie
Et doux comme un nid
Un nid douillet au coin du feu

lundi 23 novembre 2015

L'ouïe fine

Ouvre tes feuilles
laisse tomber les grains
dans ton pavillon
tel des carillons
goutte à goutte
notes à notes
d'abord tu entends
puis tu écoutes
ça te caresse le tympan
déguste ce doux chant
la partition du vent
qui souligne les branches de saules
parfois ça chatouille ça fait tout drôle
la musique coule alors
te parcours tout le corps
de la tête au pied
longeant l'échine
savoure cette vibration divine

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 23 novembre 2015
où j'avais proposé de produire un texte
sur un sens, inspiré du poème de Queneau "Le nez fin".

mercredi 18 novembre 2015

Devinette #2

Il chante des paroles mystérieuses
apprises au cours de voyages aux longs cours
il porte fièrement les ailes des géants
et fait tournoyer des couleurs parfumées
à en décoiffer les élégantes

Parfois une giffle
un claquement de paupière
son haleine chaude ou rafraichissante
a le pouvoir d'entretenir la flamme

Toujours il court après les vaisseaux du ciel
et fait danser les branches des saules

Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 18 novembre 2015
où j'avais proposé de rédiger un texte sur un objet, sans le nommer, inspiré de "La nuit" de Queneau.

jeudi 12 novembre 2015

Devinette #1

D'abord une légère ouverture
discret frémissement
vibration d'une corde de brume

Puis crescendo l'envol d'une bulle
contemplé par les sentinelles de pierre

Enfin un fruit mûr
point d'orgue sur l'horizon
salué par la symphonie des oiseaux s'éveillant
au son de cette si simple chanson

Atelier d’écriture, MJC de Saint Georges les Bains, Jeudi 12 novembre 2015
où j'avais proposé de rédiger un texte sur un objet, sans le nommer, inspiré de "La nuit" de Queneau.

lundi 9 novembre 2015

De portes en portes

Alice n'avait jamais osé lever le loquet qui tenait fermée la porte de la cave de sa grand-mère. C'était une lourde porte. Alice n'était qu'une enfant et, malgré sa petite taille, elle savait qu'elle devrait se pencher pour passer sous le linteau de pierre taillée. "Attention à la tête !", s'entendit-telle penser tout haut. Elle prit son courage à deux mains et dû s'y reprendre à plusieurs fois, usant de forces qu'elle ne se connaissait pas pour parvenir à pousser l'épais panneau de bois. La porte grinça, craqua et un souffle humide accueillit Alice qui recula d'un pas. Ces yeux ne s'habituèrent pas immédiatement à l'obscurité mais lorsqu'elle parvint à distinguer ce qu'il y avait de l'autre côté, elle fut surprise de constater que seules quelques marches la conduisaient à une seconde porte plus massive encore en métal celle-ci et verrouillée par un froid volant de fer. Alice hésita, sentant l'humidité l'envahir et percevant la lumière derrière elle. Mais avant qu'elle ne se décide, un courant d'air fit claquer la porte de la cave et elle n'eut d'autre choix que de tourner le volant et de franchir ce nouveau seuil. Un long couloir l'attendait, baigné d'une lueur bleutée. Une légère odeur d'ammoniac incommodait Alice qui avançait malgré tout avec assurance. Au bout du couloir, trois portes s'offraient à elle. Une porte percée d'un cœur, une autre permettant de jeter un œil au travers d'un judas et une troisième ressemblant à s'y méprendre à une porte de coffre fort, encore fumante d'un hold-up récent. Alice plongea son œil dans le judas et se réveilla.

Atelier d’écriture, MJC de Portes-lès-Valence, Lundi 9 novembre 2015
où j'avais proposé de rédiger un texte à partir d'une liste de portes !

mercredi 28 octobre 2015

Ayers Rock

Douceur de l'abrasion rouge
Le souffle chaud caresse sans hâte
La Terre chante
Contemplée par le ciel
Je me dresse au milieu

Atelier d’écriture, Crest'Actif, Mercredi 28 octobre 2015
où j'avais proposé de rédiger un texte court, piochant dans une précédente production liée à une image, de préférence un lieu où l'on n'est jamais allé, mais sur lequel on écrirait comme si on y était !

 

lundi 12 octobre 2015

Portrait surréaliste

C'est un ciel breton ponctué de rires d'enfants. Il aspire à la vérité comme s'il voulait apprivoiser un fauteuil divin. Il chaloupe de vagues en dunes tel un poulpe tentaculaire transformé en machine à tout faire mais surtout la paix, crémeuse comme un câlin d'hiver et goûtue et parfumée comme un bord de mer.

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 12 octobre 2015
où j'avais proposé de rédiger un portrait surréaliste, piochant dans des catégories descriptives liées à un plat, un animal, un objet, une humeur, un rêve, un air.

Portrait métaphorique

Sa voix résonne tel un froissement d'air. Puis, une effluve puissante vous envahit. Enfin, une présence, la sensation d'être traqué par une bête affamée. Un torrent de sueur glisse sur votre échine et vous restez subjugué. Une forêt de troncs se faufile sur un soleil couchant. L'acrobate céleste est là. Il a la noblesse de la plénitude. Cette athlète surentrainé, fort comme un lutteur grec et souple comme un yogi, sort son arsenal de coutelier et bondit sur sa proie, prêt à dévorer la vie.

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 12 octobre 2015
où j'avais proposé de rédiger un portrait multipliant les images et comparaisons.

mardi 29 septembre 2015

Tu es l'unique

Tu t'inventes des frères et tu joues avec des sœurs que tu apprivoises. Tu t'imagines un avenir aux mille facettes. Tantôt pirate, cosmonaute, docteur, explorateur, tu changes d'identité au gré de tes humeurs, au fil des jours, d'heure en heure. Ton monde est posé délicatement sur les épaules de ton père et bien au chaud dans le cœur de ta mère. Tu trottines de l'un à l'autre. Ta petite enfance est déjà loin, elle a pris fin il y a cinq bonnes minutes et tu redoutes déjà de grandir et de mourir ! L'instant d'après, tu t'envoles dans une fusée pour aller vérifier qu'il y a bien d'autres êtres dans l'univers. Demain, tu résoudras l'énigme des trous noirs, aujourd'hui, tu demandes poliment si tu peux écouter une histoire de plus ce soir.

Portrait produit lors d'un atelier d'écriture animé par Monique Domergue, à la Médiathèque de Bourg les Valence, inspiré par Charles Juliet.

jeudi 25 juin 2015

Si un jour

si un jour
la vie m'arrache à moi
je reviendrai pour toi
souffler mes mots doux aux feux épicés de nos forges
malaxer nos âmes aux vibrations sourdes de nos gorges
sculpter mes paroles dans ta chair
ma belle étrangère

si un jour
la vie m'enlise en moi
je reviendrai bondir en avant
attaché à mes souvenirs décoller goéland
ancré dans mes racines sous-marines
nos corps se lieront encore
hauts piliers incorruptibles et fiers même morts

si un jour
la vie m'égard de moi
je reviendrai rêver de toi
écouter ton joli cœur palpiter dans le mien
imaginer des mondes insensés et aériens
tes rires chatouiller ma raison
respirer nos passions

si un jour
l’amour te quitte de moi
tu t’envoleras
je ne te retiendrai pas
tu peux compter sur moi
tant que mes ailes se déploieront je décollerai
j’atterrirai là où mon plaisir sera partagé

Si un día
el amor te deja de mí
te irás volando
no te retendré
puedes contar conmigo
mientras mis alas se desplieguen despegaré 
aterrizaré allí donde mi placer será compartido


Texte mis en voix avec la complicité de mon amie Elisabeth Dehlinger
sur une mélodie empruntée à Gainsbourg ("Verlaine")
lors de la soirée Slam-poésie du 25 juin 2015 au « Cause Toujours » de Valence,
 

mardi 16 juin 2015

Ode au peuple panthère

j'ai rencontré le peuple panthère
écouté ses murmures
chuchotements mammifères
frôlements sous les ramures
mémoire d'amour odeur de Terre
fleur de désir

j'ai respiré ton parfum
peuple panthère
mon âme frère

peuple panthère entraîne-moi dans ta danse lumineuse
colorée voltigeuse
je chante pour toi peuple panthère
des chants de feu des chants de fer

le peuple panthère m'a protégé
il était l'épi
j'étais le blé
je suis devenu vent
j'ai balayé les tâches de sa robe légère

peuple panthère
tes talents voyagent dans tout l'univers

demain pourrait ne pas exister
pour le peuple panthère
chaque instant partagé
est un cadeau de l'éternité


Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 16 juin 2015
où j'avais proposé de rédiger le portrait d'un proche puis de piocher dans cette matière pour inventer un peuple imaginaire, inspiré pour la forme du poème
de Edith Azam : "Le jour du jour c’était un rêve".

mardi 19 mai 2015

Refuge idéal

Sur les pentes de cette montagne il y a une forêt
Dans cette forêt il y a des hêtres des chênes des buis
Parmi les arbres aucun chemin
Au milieu des buis un tunnel
Au bout de ce tunnel un hêtre
Au pied de son tronc une corde et un grappin cachés sous des feuilles
En haut de ce tronc des branches solides
Parmi ces branches quelques planches
Une terrasse quatre cloison un toit légèrement incliné
Aux branches un hamac pour les beaux jours
Dans la cabane un matelas un oreiller une couette pour les nuits fraiches
Au sol une caisse en bois
Dans cette caisse du papier des stylos et un paquet de gâteaux

Au loin le ruisseau chantonne pour accompagner les oiseaux


Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 18 mai 2015
où j'avais proposé de rédiger une description d'un lieu imaginaire, refuge idéal.

mardi 31 mars 2015

Bonne réponse !

Quand l'Homme cessera-t-il enfin de faire l'enfant ?

Quand je te trouverai joli et que tu auras un cœur en or et que tu feras entrer le soleil dans ma maison.

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 30 mars 2015
où j'avais suivi la suggestion de Marie-Thérèse de rédiger, chacun pour soi, des questions et des réponses, sans connaitre à l'avance ce que les autres avaient produit. Puis, à tour de rôle, chacun a apporté une réponse à une question qui lui était posée, sans concertation préalable... avec parfois des résultats saisissants comme dans cette réponse offerte par Frédérique à une de mes questions !

dimanche 29 mars 2015

Se perdre

Se perdre dans l’attente
Errer dans cet espace infini et ténu
Ne plus savoir
Ne plus voir
Frontières aveugles
Peurs sourdes
Paralysies maladroites
Ecartelé entre désir et assouvissement
Jouir de cette frustration
Taire son nom
Ne plus rien dire
Ecouter
Attendre

Entrer dans ce tunnel sans fond
N’entrevoir aucune lueur
Se perdre
Noyé dans cette sombre incertitude
Aspiré en cercles concentriques
Pensée reflétée en écho
S’enivrer de tourbillons
Tourbillonner
Tourbillonner
Tourbillonner
Tourbillonner
Tourbillonner encore et encore
S’effondrer
Renoncer

Entendre le battement lointain
Pulsation vaine
Infrasonore
Ramper
Suivre le pouls
Pousser
Palper
Palpiter
Sans choix
Errer encore
Rampant
Se perdre encore
S’enliser dans la boue noire et nauséabonde
Renoncer

Plonger
Descendre
Ne jamais toucher le fond
Refroidir
A imploser
A implorer

Sursauter
Remonter
Faire surface
Reprendre souffle
Pousser son premier cri
Renaître
Ouvrir les yeux
Voir
Enfin
La lumière
Dans toute sa splendeur
Recevoir
Enfin
La lumière
Dans toute sa cruauté
S’épanouir en soi
Etre là
Eclore
Prêt à recommencer
Prêt à se perdre
Encore
A jouer avec les limbes
A brûler ses ailes
A retomber
Comme un fruit mûr


Texte déclamé lors de la soirée Slam-poésie du 27 mars 2015
au resto « Le mot à la bouche » de Valence,
et dont le thème était « questions existencielles » !

mardi 17 mars 2015

Springfrühlingbling

Soleil hésite à éclore
Pluie insiste encore
Amandiers sourient

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 16 mars 2015
où j'avais proposé de réaliser de courts textes autour du printemps, puis de ne conserver que l'essentiel, façon haïku.


Racines légères
Ancrez l’amour
Repars du bon pied 

Petits peuples intérieurs #1

Ittugarde s'éveille pétillante. Le cœur chaud, courant vers le col, son regard salue les sommets. atteignant son but, elle élance ses bras dans une explosion de lumière et embrasse le soleil. Elle s'apaise enfin, rassurée.

Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 16 mars 2015
où j'avais proposé de rédiger de courts textes autour d'une émotion, mise en scène dans un décor inspiré de cette humeur... tout un monde habité de petits peuples intérieurs !

samedi 28 février 2015

Je t'aime polyphonique

Pour découvrir ce texte, cliquez ici !

Texte partagé lors de la soirée "Slam-poésie" au restaurant "Le mot à la bouche" de Valence, Samedi 28 février 2015 et dont le thème était "L'amour". Après avoir expérimenté la "poésie participative" en décembre, j'ai proposé aux participants de tenter une aventure poétique polyphonique !
Merci encore à chacun d'avoir joué le jeu !!!
J'avais distribué à chacun des indications pour intervenir au moment opportun en déclamant quelques vers en même temps que je lisais le texte principal... une belle performance collective ! L'effet démultiplicateur attendu et l'amplification des intentions portées par le texte principal étaient au rendez-vous. Une expérience à renouveler...

lundi 19 janvier 2015

Procrastination fallacieuse

Procrastination
Une lueur de défi brille dans l’œil de ce mot étrange
Comment résister à la tentation de répondre à cet appel
Tu ne repousseras pas jusqu’à la veille de la soirée slam-poésie
Tu ne remettras pas à hier ce que tu pourrais faire demain
Écrire sur ce thème est une invitation à un voyage au bord du monde
J’irai bien me pencher là-bas mais ne sachant pas ce que j’y trouverai je préfère m’abstenir pour le moment
Partez devant je vous rejoins

Écrire sur ce thème est une incitation à la remise en question
Pas immédiatement non
Ma première pensée va à ma femme
Féministes ne criez pas elle le reconnait elle-même
Elle a la procrastination dans la peau
C’est comme une seconde nature chez elle qui lui vaut régulièrement de se coucher à point d’heure pour terminer un travail qu’elle aurait pu boucler bien plus tôt
Cette faiblesse est une cause de stress et d’angoisse qui la laissent souvent dangereusement sonnée et insatisfaite
Bref une belle source d’engueulade
Un vrai tue l’amour

Mais je ne suis pas là pour parler de ma femme
Mais bien de moi
Car dès que ce thème a commencé à cheminer dans ma petite cervelle
L’idée saugrenue que moi aussi je puisse avoir la capacité de procrastiner m’a traversé l’esprit
C’est devenu d’autant plus évident que l’adjectif fallacieuse me laissait penser que ce léger défaut d’organisation pouvait se manifester de façon perfide et sournoise
Voire à l’insu de mon plein gré
Bingo
J’ai tout de suite pensé à ce que je remets toujours à plus tard avec les meilleures excuses du monde
Depuis j’ai découvert aussi avec horreur le lien possible entre procrastination et perfectionnisme
Aïe
Vue mon incapacité à supporter de livrer un texte avec la moindre coquille je me demande si je ne vais pas devoir aller consulter
Mais on verra demain

En attendant j’ai dressé une liste
Exhaustive évidemment
De tout ce que je repousse à plus tard
Le mois prochain
L’année prochaine
A la saint Glin-glin
A une vie suivante
Voire à jamais
Dans l’ordre des priorités
Réduire ma consommation d’alcool
Ça c’est fait ou presque
Arrêter de fumer
Des fois oui
Cesser de tout prendre pour moi
Je m’améliore mais je vois qu’il y a encore beaucoup de susceptibilité en ce bas monde
Tenter l’expérience de l’ici et maintenant
Quel bonheur lorsque j’y parviens
Me rapprocher de moi et des autres
Le chemin est long mais la voie est agréable à emprunter
Jouer du piano
Et pourquoi pas de la guitare de la harpe ou danser le flamenco pendant que t’y es
Ha oui j’allais presque oublier
Une des premières images qui m’est venue en pensant à ce thème c’est l’accueil d’un sans papier ou d’un sans abri chez moi
Jamais fait alors que j’y pense depuis des années
Et si je participais à un cercle de silence au moins
Ça changerait quoi
Il y a aussi les copains du jura qui luttent contre l’exploitation des gaz de schistes sans moi
Qu’est-ce que j’attends pour rejoindre les groupes ardéchois
Et puis et puis et puis

Et puis après avoir été paralysé par la tragédie qui a touché Charlie Hebdo et les autres tueries qui ont suivies et qui nous ont tous laissés abasourdis
Je me suis dit
Tiens il semblerait que la procrastination puisse être oubliée parfois
Impressionné par l’élan de rassemblement qui s’est manifesté les jours suivants
La tragédie m’a rappelé combien je souffre à chaque annonce des horreurs qui parcourent chaque jour la Terre et pour lesquelles je ne prends jamais le temps d’aller défiler
Alors j’ai pensé à la liberté d’expression et la liberté tout court
Et je me suis dit que ce sont des valeurs auxquelles je tiens autant que le partage et le respect
Alors qu’est-ce que j’attends pour aller les défendre

Est-ce que j’irai demain aider les enseignants à débattre de ces horreurs avec leurs élèves
Les aider à éviter les discours opportunistes les récupérations les amalgames
Est-ce que j’irai demain rencontrer mes frères juifs ou musulmans près de leurs lieux de cultes pour leur dire combien je les aime et qu’ils n’ont rien à justifier et qu’ils ne sont en rien responsables et qu’ils ne méritent pas les saloperies inscrites sur leurs murs
Est-ce que j’irai demain dire aux puissants de ce monde que ce sont eux que je tiens pour vrais responsables
Par le maintien des rapports de pouvoir et de corruption qui nuisent à l’épanouissement de tant de peuples voire les anéantissent sans vergogne
Est-ce que j’irai demain moi-même affirmer que je contribue à ce système inégalitaire malgré mes petits réflexes de bobo bien organisé bien obéissant toujours prêt à brandir mes choix de consommation comme des actes militants

Non surement
Demain je me lèverai comme les autres jours
Oubliés les soucis
Je me remettrai à travailler comme avant
Persuadé que mon perfectionnisme n’est pas une façon de fuir
Mais peut-être que je garderai un objectif en tête malgré tout
Celui de toujours agir avec paix et amour
Peut-être alors je ne remettrai pas à plus tard finalement ma recherche d’une nouvelle organisation personnelle
Peut-être alors je continuerai à accepter le changement
Peut-être alors je laisserai mon égo à sa place
Peut-être alors je serai enfin plus disponible pour aider ceux qui en ont besoin
Et peut-être alors je passerai un peu plus à l’action
Peut-être alors je ne me laisserai plus bec clouer par des discours idiots ou des paroles irréfléchies
Peut-être alors irai-je encore plus à la rencontre des autres
Peut-être alors encouragerai-je le partage et le faire ensemble
Peut-être alors le monde ira mieux
Alors j’irai me pencher tout au bord du monde pour contempler le résultat
Alors je pourrai peut-être reprendre une vie confortable et tranquille
Mais pour le moment il y a du pain sur la planche et je crois qu’il va falloir me retrousser les manches
Allez au boulot


Texte produit pour la soirée Slam-poésie du 17 janvier 2015
au resto « Le mot à la bouche
» de Valence,
et dont le thème était « procrastination fallacieuse » !

mardi 13 janvier 2015

Portrait

Celui qui brille par son sourire et son esprit
Celui que j'aime comme mon frère, mon père, comme tous les êtres de la Terre
Celui qui pleure, celui qui rit
Celui qui demande pourquoi
Celui qui voudrait tout savoir
Celui qui dit c'est pas juste
Celui qui a toute la vie devant lui et qui trouve ça un peu long
Celui qui veut encore une histoire, encore un bisou et qui a soif alors qu'il devrait déjà être endormi
Celui qui en sait certainement plus que moi sur la vie mais que je ne sais pas écouter et à qui je répète "tu m'écoutes oui ?!"
Celui qui aime sans compter et à qui je dois quand même apprendre à partager


Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 12 janvier 2015
où j'avais proposé de réaliser de courts portraits de proches, introduits par "celui qui / celle qui" au début de chaque vers.

7 derniers jours écoulés

Lundi
Allez, au boulot ! Je serais bien resté au lit pour me reposer de ces deux semaines bien remplies... Tant pis !

Mardi
Chouette un nouveau projet !

Mercredi
Coup de poing dans le ventre
Douche glacée
Je viens de perdre une partie de moi-même

Jeudi
L'affluence de messages de soutien m'apporte le réconfort dont j'ai bien besoin

Vendredi
Amour et paix le matin
Fraternité le midi
Cauchemar en fin d'après-midi

Samedi
Quel bonheur de partager une tajine aux olives et aux citrons avec des amis !

Dimanche
Existe-t-il plus belle chose au monde que les éclats de rire d'un enfant emportés par le vent ?


Atelier d’écriture, MJC de Portes les Valence, Lundi 12 janvier 2015
où j'avais proposé de réaliser un court agenda de souvenirs récents, petits et grands évènements...

dimanche 11 janvier 2015

Alternative à La Marseillaise

Et si on chantait autre chose que La Marseillaise ?
Un hymne au rêve et à l'amour pour remplacer un hymne guerrier...
La quête de Brel par exemple me conviendrait mieux !


Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile



En son et en image sur https://www.youtube.com/watch?v=U2kn0Q3UHOc

jeudi 8 janvier 2015

Hommage

En réaction à la tragédie que nous avons vécue hier et qui nous laisse tous abasourdis, le poème de Paul Eluard est largement diffusé. Afin de soutenir le message de Charlie et de tous ceux qui œuvrent dans ce sens je reproduis à mon tour ici ce magnifique texte.
Restons unis, gardons confiance, espoir et ne lâchons rien !



Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, 1945, Les Editions de Minuit