Les cris du jour ou l'écrit du jour ? C'est peut-être le texte de la semaine (et pourquoi pas de l'année ?!!!!)
directement sorti de mon inspiration poétique, où chacun est libre de traverser la frontière entre fiction et réalité...
Bonnes lectures !

mercredi 3 février 2010

Travelling

Le DZZZT de l’ouverture électrique de la porte du porche ; je l’entendrai à nouveau demain matin. Quelques pas dans la rue, d’un côté les vedettes me sourient depuis la vitrine du marchand de journaux, de l’autre, je suis chaque jour surpris par le visage couperosé de cet homme entre deux âges qui prend l’air sur le pas de sa boutique.

Au-dessus de moi entre les hautes façades, le ciel s’assombrit. Comme souvent à cette heure la station de Velo’v est vide. Mes yeux, hypnotisés par les heures passées devant l’écran, et mon cerveau, gonflé par la somme d’informations traitées, ne captent que les grandes lignes du monde qui m’entoure.
Malgré tout, le papier peint déchiré de cet immeuble effondré ne m’échappe pas, ni ces SDF rassemblés sous les grands platanes de la place. Le temps fraîchit. Et si c’était moi ?

J’enfourche finalement un vélo, libéré de sa borne après le BIP réglementaire. C’était le dernier… la pédale claque à chaque rotation ! Le boulot qu’ils ont à entretenir tous ces pédaliers ! Sans parler des cinglés qui les vandalisent on ne sait pourquoi.

Ce que ce feu est long… et pas question de le griller avec le commissariat juste à côté. Enfin, c’est quand même mieux d’être dehors que de poireauter dans les bouchons. Et puis je vais bientôt pouvoir rouler tranquille sur les quais.

Haaa ! Ma respiration du trajet !

Finis les boutiques, les néons, les portes grandes ouvertes et les radiateurs qui chauffent la rue. Vraiment, c’est n’importe quoi ! Qu’on ne vienne pas me dire que tous ces gens sont heureux d’être là ! Ceux qui sont sur les quais ont quand même l’air plus détendus : ils flânent, assis sur les marches, ils patinent, ils piétinent, ils poussent des poussettes, ils jouent des percussions, ils pataugent dans la fontaine, ils contemplent les derniers rayons qui baignent Fourvière dans une lumière dorée. Le tout sur fond de klaxons s’il vous plait, voire d’insultes ! Tiens, il est encore là ce soir le joueur de saxo, toujours au même feu, à souffler frénétiquement dans son instrument d’où sort un air qui rappelle le générique de Benny Hill !

A demain matin Grand Fleuve. Tu m’apporteras peut-être des nouvelles de l’océan…

Et HOP ! Encore un tram évité de justesse. Je vais finir par y passer un jour. Je ferais mieux d’être un peu attentif et d’arrêter de griller les feux. On n’est jamais trop prudent, même sur une piste cyclable.

Attroupement devant la Bourse du Travail. Que des femmes… Patrick Bruel à l’affiche ! Il fait encore recette cui-là ? « Casser la voihaha » ! Et merde ! Vivement que je rentre à la maison me mettre autre chose entre les oreilles ! Ils ont raison ceux qui roulent avec un MP3 ça leur évite ce genre de désagrément. N’empêche ça me paraît pas très prudent…

Alors, ils en sont où ces travaux ? Elle va finalement être plus grande que le crayon cette tour ou pas ? Ouf, j’arrive bientôt, comme toujours le bruit finit par m’achever. Pas de place à la station. Je fais le tour du quartier. L’avantage c’est que je fais les derniers mètres à pied, juste pour le plaisir de contempler les ombres géantes des feuilles des marronniers.

Atelier d’écriture animé par Emmanuelle Pireyre -
Saute Frontière/Médiathèque de Saint Claude - 3/2/10